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Avec le reskilling les entreprises embauchent uniquement sur la motivation Être embauché en CDI sans avoir 100 % des compétences pour le job, c’est comme croire au Père Noël ? C’est pourtant le principe du reskilling. Après avoir choisi des candidats sur leur motivation et leur savoir-être, les entreprises les forment gratuitement avant la prise de poste.

C’est un rêve de chercheur d’emploi. Et c’est une réalité depuis quelques années. Être embauché pour un métier que l’on ne saurait parfaitement exercer mais que l’on apprend en 50 jours, grâce à une formation de 9 500 euros tous frais payés*. Voilà ce que proposent quelques acteurs de la formation, spécialisés dans ce que les anglo-saxons appellent le reskilling, – que l’on pourrait improprement traduire par re-qualification –  et qui désigne une fusion du processus de recrutement avec celui de la formation. En France, le concept est incarné par la Préparation opérationnelle à l’emploi individuel (POEI), mise en place en 2009 par Pôle emploi. Si elle peut se targuer d’afficher un taux de reclassement dans l’emploi durable de 73 % en 2014**, la POEI n’est que peu utilisée par les chercheurs d’emploi et par les entreprises : seulement 14 000 personnes en ont profité en 2015. C’est pourquoi des acteurs de la formation ont décidé de la démocratiser.

Optimiser la POEI

« Le dispositif a été imaginé pour les personnes à qui il manque quelques compétences lorsqu’ils postulent, explique Fabien Beltrame, responsable du département formation de Pôle emploi. L’idée est qu’à la signature d’un contrat [au minimum un CDD de 12 mois, Ndlr], le candidat suive une formation de 400 heures maximum pour se mettre à niveau ». La POEI a donc tout pour elle : outre la formation payée, le stagiaire est indemnisé et peut être défrayé pour ses déplacements, ses repas et son hébergement. En pratique pourtant, rares sont les cas où elle est utilisée : « Sans notre intervention, une entreprise ne perdrait pas son temps à rencontrer des candidats qui n’ont pas toutes les compétences requises en amont », déplore Michel Sebban, co-fondateur de Fitec, une société de formation dans l’IT qui se spécialise depuis 10 ans dans le reskilling. Comme d’autres formateurs, l’entreprise a décidé d’optimiser la POEI en jouant le rôle d’entremetteur. En amont de la formation, Fitec va chercher les candidats pour le compte d’un recruteur, ce dernier faisant son choix parmi des profils qu’il n’aurait peut-être jamais accepté de rencontrer dans un processus classique de recrutement. La solution est efficace puisque Fitec affiche un taux d’insertion dans l’emploi durable de 95 %, les 5 % restant étant liés à des abandons ou à un emploi décroché en cours de route.

Une sélection drastique, des entretiens originaux

La prochaine promotion comptera 75 stagiaires. Ils étaient 3 000 au départ à avoir répondu au mail d’inscription envoyé par Pôle emploi, avec qui travaille Fitec. « En mars, nous en avons sélectionné 300, qui sont venus pour une journée d’entretien avec des spécialistes du recrutement des métiers de l’informatique. Au cours de cette première phase, nous leur expliquons le concept du reskilling, nous observons leur comportement, testons leur motivation et leur donnons des conseils pour leur candidature », explique Michel Sebban. À la fin du mois, ils n’étaient plus que 177 à rencontrer les trente entreprises présentes pour la journée. Parmi elles, de très grandes sociétés de conseil en ingénierie comme Altran, et de plus modestes PME qui font du support informatique comme Codilog. Toute la journée, recruteurs et candidats enchaînent des job dating de 15 minutes. Les échanges sont forcément différents des entretiens d’embauche habituels, puisqu’au moment de rencontrer l’employeur, aucun candidat n’est capable de pratiquer l’un des trois métiers proposés : consultant CRM Salesforce, consultant qualification logiciel ou ingénieur d’affaires.

L’enjeu de l’entretien se joue sur les soft skills, c’est-à-dire l’état d’esprit du candidat, ses valeurs, son comportement et sa façon d’appréhender le poste. « Tous ont des prérequis liés aux métiers proposés. L’idée, c’est de leur apporter par la suite les compétences qu’ils ne maîtrisent pas », explique Michel Sebban. Pour le métier d’ingénieur d’affaires par exemple, un commercial sera renforcé sur sa compréhension des systèmes d’information, et il aura les bases de certains langages de programmation afin qu’il puisse savoir de quoi il parle lors de rendez-vous client.

Encore timide, le reskilling couplé à la POEI à grande échelle n’est pas pratiqué par beaucoup d’organismes formateurs. On peut citer Evolution – Reskilling Center, basée à Boulogne Billancourt. Elle dispose de la même offre que Fitec, mais uniquement sur des métiers commerciaux. L’organisme de formation Demos y a recours également, pour des entreprises du secteur numérique. Surtout, le concept ne concerne que les métiers en pénurie de candidats : aspirants archéologues ou autres présentateurs TV, s’abstenir…

*La formation est prise en charge par Pôle emploi et par l’Organisme paritaire collecteur agréé (Opca) Fafiec qui finance la formation professionnelle des métiers du numérique, de l’ingénierie et du conseil, des études et de l’événement.

**Enquête Pôle emploi : Sortants de formation 2014. Les CDD de 6 mois, CDI, mission d’intérim de plus de 6 mois et créateurs d’entreprises sont considéré comme des emplois durables.

Paru le 05 Avril 2016 sur www.cadremploi.fr – Journaliste : Quentin Velluet

Retrouvez l’intégralité de l’article sur : http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/actu-emploi/detail/article/avec-le-reskilling-les-entreprises-embauchent-uniquement-sur-la-motivation.html

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